Un peu d'histoire

Le sport et la santé mentale

Le recours à l’activité physique dans ses dimensions occupationnelles et hygiénistes sont déjà bien présentes en médecine et en psychiatrie.

De nombreux hôpitaux et cliniques sont pourvus de services proposant des activités physiques adaptées avec des disparités importantes en termes d'ambition de compétence et de formation. Les bénéfices physique pour la santé sont connus : diminution de la mortalité précoce, ralentissement du déclin cognitif, diminution du risque cardiovasculaire, meilleur contrôle du poids et de la glycémie et donc de l’obésité.

Les effets positifs sur la santé mentale du sport ont est très largement sous évalué et pas toujours recherché en 1ère intention.

En France en 1962, le docteur Henri Ueberschlag, directeur de l'hôpital de Lannemezan, imagine la création d'un golf utile au plan touristique et ergothérapique. 

C'était il y a 70 ans. 

Il reste le promoteur de l'hôpital psychiatrique ouvert sur le monde, il milite pour la reconnaissance de la maladie et élabore des thérapies de réinsertion sociale fondées sur l'ergothérapie. Il est l'un des précurseurs en France de la prise en charge au sein d'unités spécialisées des enfants malades mentaux. 

Ce golf a été construit par et pour les malades. Ce parcours de Golf existe toujours à proximité de l'hôpital et le club-house est orné d'une plaque commémorative en l'honneur de ce psychiatre fondateur.

Au Royaume-Uni, les bénéfices pour la santé mentale et physique du golf sont étudiées très sérieusement depuis de nombreuses années. il existe un site internet extrêmement bien documenté. golf and health

Le 17 et 18 octobre 2018 a eu lieu (à Londres ) le 1er congres Golf et Santé. Il s'est dégagé le consensus suivant:

"Trop de gens passent à côté des bienfaits du golf pour la santé", selon un panel d'experts internationaux dans une déclaration consensuelle, qui vise à élargir la participation à ce sport.
Les preuves suggèrent que cela peut être bon non seulement pour l'esprit et le corps, mais aussi pour une longue vie, indique le communiqué publié en ligne dans le British Journal of Sports Medicine.

En France, la loi de modernisation de notre système de santé introduit en 2016 la possibilité pour les médecins généralistes de prescrire de l'activité physique aux personnes souffrant d'une affection de longue durée.

En mars 2022 cette possibilité est élargie aux médecins spécialistes et d'en faire bénéficier les patients atteints de maladies chroniques.

Les différents systèmes de recommandations de l'OMS et de l’HAS et et plus récemment le Vidal par le Vidal médico sport santé dresse par sport les indications et les contre-indications à la pratique.

Le covid et ses différents confinements a été un coup d'arrêt avant d'être un formidable accélérateur par la prise de conscience des effets du confinement sur les personnes en situation de handicap psychique, par les ruptures de parcours que cela a pu entraîner. 


La route est longue et semée d'embuches...

Il ne faut cependant pas tomber dans l'angélisme. A une époque ou l'on assiste à une chamanisation des hôpitaux (y compris psychiatriques), où l'on voit l'emergence de pratiques médicales douteuses, dégradées et d'une délégation de compétences décomplexée par des médecins débordés qui sont capable de prendre le temps que nous n'avons plus pour vous expliquer comment ils vont faire pour ne pas s'occuper des malades...

La lecture de Bernard Andrieu est assez éclairante sur cette situation: Depuis 1850 jusqu'à nos jours, trois conceptions du sport-santé se seront succédé tout en se maintenant comme des thèmes récurrents :

 - se régénérer avec les naturistes, les hygiénistes et les végétariens anarchistes de la fin du XIXe siècle ;

- s'activer avec la naissance de la médication physique par la médecine du sport, qui aura transformé le sport-santé en sport sur ordonnance ; 

- s'éveiller avec le développement du slow sport dans la nature, des pratiques d'explorations sensorielles comme le yoga qui ouvre la possibilité de découvrir un corps capacitaire jusque-là inédit. 

Un ouvrage qui s'attaque à un domaine placé sous les feux de l'actualité : le sport-santé. Lecocq, G. (2022). Bernard Andrieu, Histoire du sport-santé. Du naturisme à la médecine du bien-être, Paris, L’Harmattan, coll. « Émersions », 2021, 244 p. Préface de Jean-Paul Callède. Staps, https://doi.org/10.3917/sta.pr1.0049

En 2019, Le Dr Catherine Fayollet indique que le recours aux activités physiques et sportives en santé mentale prend toute son importance, en association des traitements médicamenteux et des psychothérapies. Ces pratiques, quand elles sont adaptées à l'état clinique ont un impact, vérifié par les méta-analyses mondiales, à la fois neurobiologique, cérébral, métabolique et physiologique. Elles sont bénéfiques pour les personnes porteuses de souffrance psychique épisodique (dépression de l'humeur) ou chronique (schizophrénie). L'effet psycho-social et relationnel suscité compte aussi pour beaucoup dans la prévention, l'amélioration des troubles et le rétablissement.
Cet ouvrage pluridisciplinaire témoigne de pratiques innovantes. Thevenon, D. C., Kern, L., Bellamy Fayollet, D. C. (2019). Activités physiques en santé mentale. France: Dunod.

Nos patients sont stigmatisés, nos usagers sont stigmatisés, l'étudiant sportif est stigmatisé, l'étudiant en médecine sportif est stigmatisé, c'est le musclé pas capable de réfléchir.... Quand cet étudiant devient médecin, il n'a qu'une envie ! redonner ce que le sport lui a donné. Le temps et l'histoire par l'effet qu'ils produisent sont parfois de troublants juge de paix. Les représentations archaïques sont encore tenaces. Pour un sportif il est effectivement étonnant de constater cette frénésie de vouloir prescrire du sport comme si cela peut tout régler... sans que le législateur ne prévoit de remboursement. On peut alors imaginer qu'un passé de sportif puisse être un pré requis nécessaire pour incarner cette fonction d'enseignement de supervision d'organisation et de transmission qui nécessite finesse patience et compétence.